l’Afrique est presque revenue à l’ère des coups d’État à répétition d'antan.

18 juin 2021 à 06h10 - 641 vues

C'était à Paris. L’Afrique était l’invitée d’honneur d’un sommet de sensibilisation des partenaires et autres bailleurs de fonds à la nécessité de financements conséquents, pour la relance des économies, laminées par la pandémie de coronavirus. Pourquoi donc revenir, ici, sur le recul de la démocratie, alors que l’actualité porte sur la dette, les droits de tirage spéciaux et autres prêts concessionnels ?

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Parce que l’économie est une matière éminemment politique. Et qu’il serait vain d’espérer un décollage des nations, dans un environnement politique malsain ou peu engageant. Les gouvernements africains ne ploient pas sous les investissements de qualité, qui demeurent le meilleur baromètre de la crédibilité d’une nation. Oublions donc cette perpétuation du pacte colonial que sont les investissements dans le pétrole ou dans des mines, que l’on extrait et exporte vers des destinations lointaines, où leur transformation générera des emplois. Ce type d’investissements illustre d’autant moins l’attractivité d’un pays que certains États ne cessent de céder les gisements sur de longues durées, en échange de dérisoires avances de trésorerie, et d’arrangements parfois douteux.

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Que reste-t-il alors pour ceux qui ne seraient pas… sérieux ?

Vous voulez parler des cancres de l’État de droit et de la démocratie ? Ils subissent les investisseurs peu scrupuleux, les fonds vautours… Ils sont assaillis par des contrats truffés de clauses léonines, sur fond de pots-de-vin. L’assainissement de la vie politique est donc un impératif économique. Car le respect du bien public passe nécessairement par l’État de droit.

Mais pourquoi s’alarmer, aujourd'hui, alors que la démocratisation est en cours depuis trente ans ?

Il suffit d’oser un bref survol du continent, pour s’apercevoir à quel point la situation politique, dans nombre d’États d’Afrique de l’Ouest et du centre se rapproche de ce que vivaient de nombreux peuples, dans les années 70 et 80. Il faut bien admettre que la plupart des pays qui trichent avec leurs lois et leurs principes, sont nations de notre Afrique francophone, hélas ! Tout comme certains régimes qui rudoient leurs peuples, en rappelant sans cesse qu’ils sont des démocraties, et qui s’égarent dans certains excès dignes des dictatures et autres despotismes obscurs de la belle époque, sans s’en émouvoir.
Ici et là, l’on vous rétorquera que c’est le prix à payer pour un mieux-être économique, pour le développement, et même pour une démocratie plus parfaite. Promesses sans garantie aucune, à part la parole de dirigeants qui, dès lors qu’ils accèdent à la magistrature suprême, se croient légitimes pour réaménager les institutions à leur convenance, parfois même à leur profit unique, qu’ils assimilent, sans sourciller, à l’intérêt général.
L’Afrique avance peu, ou pas du tout, du point de vue de l’État de droit et de la démocratie. Alors, penser qu’un seul peuple, sur ce continent, accepterait que l’on mette entre parenthèses ses libertés et la démocratie, même imparfaite, est un pari risqué. D'autant plus dangereux que, de recul en recul, l’Afrique est presque revenue à l’ère des coups d’État à répétition d'antan. Pour le plus grand malheur des peuples.

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