Qui a vraiment commandité la mort de Thomas Sankara?

16 avril 2021 à 05h22 - 609 vues

L’ancien président burkinabè, en exil en Côte d’Ivoire, sera jugé pour « complicité » dans l’assassinat de Thomas Sankara. La date du procès n’a pas encore été fixée, mais le dossier a été renvoyé devant le tribunal militaire de Ouagadougou et les charges confirmées. 34 ans après l’assassinat de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987, et de 12 de ses compagnons lors du coup d’État qui avait porté Blaise Compaoré au pouvoir, l’ex-président et 13 de ses coaccusés sont renvoyés devant les juges, dont 4 de ses gardes du corps de l’époque, directement accusés d’assassinat.

En fait,  le dossier Thomas Sankara n’aurait jamais enregistré pareils progrès sur le plan judiciaire si, devenu impopulaire au fil des ans, le régime de Blaise Compaoré n’avait pas réussi à faire l’unanimité contre lui, dans sa volonté de réviser l’article 37 de la Constitution. La suite, on la connaît. Car, acculé par une rue en colère, Blaise Compaoré a fini par larguer les amarres le 31 octobre 2014 pour se réfugier à Abidjan, en Côte d’Ivoire et cela, sous les lazzis et quolibets de tout un peuple. Depuis, les langues avaient commencé à se délier ; toute chose qui a permis d’aboutir aux résultats que l’on sait. Donc, pointe Le Pays, pour une victoire d’étape, c’en est une pour la famille Sankara et ses avocats qui n’attendent désormais que l’ouverture du procès pour savoir ce qui s’est exactement passé le 15 octobre 1987. Qui a tué Sankara ? Qui a commandité sa mort ? Et à quelles fins ? »

Sur fond de réconciliation nationale…

Les calendriers politique et judiciaire sont en train de s’entrechoquer . Cette mise en accusation intervient en effet au moment où la réconciliation nationale est dans l’air du temps. Le président réélu, Roch Marc Christian Kaboré, en a fait une des priorités de son dernier quinquennat. Il a même nommé un ministre ad hoc en la personne de Zéphirin Diabré qui multiplie, depuis, les consultations tous azimuts. Et plus que jamais, le retour des exilés, notamment le premier d’entre eux, Blaise Compaoré, est au centre de la polémique. 

Compaoré doit s’expliquer en personne

Blaise Compaoré doit rendre des comptes, en personne… Il devra expliquer aux Burkinabè, non plus par médias étrangers interposés, mais directement face au peuple, matérialisé par sa justice, pourquoi une amitié fusionnelle s’est dénouée aussi tragiquement un après-midi. Pourquoi et qui a décidé de mettre fin à l’élan de la révolution burkinabè (…). Qui a ordonné le régicide du 15 octobre (…). C’est après avoir levé le voile sur toutes ces zones d’ombre et après avoir obéi à ce que la justice aura conclu sur sa culpabilité ou son innocence, que le chapitre du pardon, le véritable enjeu de la réconciliation, pourra être ouvert. 

LIRE AUSSI : GOUVERNEMENT DE L’UNION SACR…E! LE GRAND D…FI

Tout cela, bien sûr, relève encore Aujourd’hui, « à condition que Blaise daigne bien venir au Burkina. Fait-il confiance à la justice de son pays ? N’a-t-il pas peur qu’il y ait une justice des vainqueurs ? (…) Seule certitude, les Burkinabè veulent tourner la page de toutes ces années sombres.

Claire Ongo

Commentaires(0)

Connectez-vous pour commenter cet article