Lors de leur congrès annuel tenu à Manchester ce week-end, les conservateurs britanniques ont levé le voile sur une proposition radicale en matière de politique migratoire. Battus sévèrement aux élections législatives de 2024 et désormais relégués dans l’opposition, les Tories cherchent à regagner du terrain, notamment face à la poussée spectaculaire du parti d’extrême droite Reform UK.
Un virage sécuritaire assumé
Chris Philp, porte-parole de l’opposition pour l’Intérieur, a dévoilé un projet emblématique : la création d’une « force d’expulsion » au sein du ministère de l’Intérieur, directement inspirée de la controversée agence américaine ICE. Son objectif affiché : expulser jusqu’à 150 000 personnes par an, avec un budget doublé atteignant 1,8 milliard d’euros.
Mais les ambitions ne s’arrêtent pas là. Le plan conservateur comprend également :
Le retrait du Royaume-Uni de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), afin de limiter les recours judiciaires des migrants et demandeurs d’asile.
L’extension de la reconnaissance faciale pour identifier les personnes en situation irrégulière sur le territoire britannique.
Une déclaration d’intention sans portée immédiate
Ce plan, qui n’a aucune valeur légale en l’état actuel, reflète avant tout une stratégie politique : reprendre la main sur le débat migratoire, sujet devenu central dans l’opinion publique britannique.
Mais cette proposition soulève déjà de vives inquiétudes dans les milieux associatifs et juridiques. Le retrait de la CEDH représenterait une rupture majeure avec les engagements internationaux du Royaume-Uni en matière de droits humains, tandis que l’usage élargi de la reconnaissance faciale suscite des préoccupations sérieuses sur les libertés individuelles.
Vers une course au durcissement ?
Ce virage marque un tournant dans le discours conservateur, désormais concurrencé sur sa droite. Le parti Reform UK, mené par des figures populistes, impose de plus en plus son agenda sécuritaire. Les Tories espèrent ainsi freiner leur chute, mais certains analystes estiment que cette stratégie pourrait renforcer la polarisation du débat politique et alimenter la rhétorique anti-immigration à l’approche des prochaines élections locales.
NECOF Radio continue de suivre de près cette évolution majeure du paysage politique britannique.