L'assaut mené contre le Capitole américain était-il aussi spontané qu'il a pu le laisser penser? Visites suspectes du Capitole la veille de l'attaque, colonnes d'attaquants disciplinés, instructions au mégaphone… Au fil de l'enquête autour de l'attaque du 6 janvier à Washington D.C. qui a fait 5 morts, certains éléments viennent ébranler la thèse d'une parfaite spontanéité.
Si les experts ont observé une atmosphère désorganisée typique d'une émeute spontanée, les photos, vidéos et communications analysées depuis suggèrent un niveau inquiétant de préparation. Michael Sherwin, le procureur de Washington en charge de l'enquête, confirme des « signes de coordination », comme des communications entre les manifestants rentrés à l'intérieur du Capitole et ceux qui se trouvaient à l'extérieur.
Existait-il pour autant une « structure de commandement globale » et des équipes organisées? Répondre à cette question est la « priorité numéro un » des enquêteurs, assure Michael Sherwin. « Cela va prendre des semaines, si ce n'est des mois pour découvrir les réelles motivations de certains de ces groupes », prévient le procureur, qui n'établit ce stade « pas de preuve de l'existence d'équipes chargées de tuer ou capturer, voire d'assassiner ».
Sur une vidéo qui montre l'extérieur du bâtiment, une douzaine d'hommes vêtus d'un attirail militaire grimpent en file indienne les marches du Capitole, traversant la foule des manifestants jusqu'aux portes de l'institution. À l'intérieur, des hommes sont photographiés portant des liens en plastiques pouvant être utilisés comme des menottes, ce qui a été interprété comme une potentielle volonté de prendre des otages.
Selon les témoignages de plusieurs élus, les manifestants pro-Trump qui ont vandalisé le bureau de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi semblaient familiers du bâtiment, qui tient pourtant du labyrinthe. « Ils savaient où aller, a déclaré sur CBS le représentant démocrate James Clyburn. Oui, quelqu'un à l'intérieur du bâtiment a été complice. »
L'élue démocrate Mikie Sherrill a pour sa part affirmé que des groupes de partisans de Donald Trump avaient effectué des « visites de reconnaissance » du Capitole la veille, visites qu'elle a qualifiées de « suspectes ». Selon elle, les manifestants « n'ont pu avoir accès au complexe du Capitole que par l'intermédiaire d'un élu ou un employé du Congrès », défend Mikie Sherrill dans une lettre ouverte à la police du Capitole.
Sur une vidéo, plusieurs manifestants se regroupent dans une pièce du Capitole pour décider de la suite à donner après avoir réussi à pénétrer dans le bâtiment. Une femme coiffée d'un chapeau rose donne des instructions au mégaphone à ceux qui ont pu pénétrer dans le bâtiment, à travers une vitre brisée.